
La Crise Existentielle : À la Recherche de Sens
La crise existentielle ébranle les fondements mêmes de l'être-parlant. Au-delà d'un simple questionnement philosophique, elle révèle une butée subjective face à l'absence de Réel ultime qui viendrait garantir un sens préétabli à l'existence. Les transitions de vie, ces moments où les identifications habituelles vacillent, ou la confrontation avec la contingence radicale de l'existence à travers la maladie ou la perte, précipitent le sujet dans un vertige où le voile du sens commun se déchire.
​Ce sentiment de vide, d'absurdité, cette perte de la boussole motivationnelle témoignent d'une défaillance des signifiants maîtres à ordonner le champ de la jouissance. L'angoisse face à la mort, cette limite infranchissable, met en lumière la finitude de l'être et l'absence de réponse définitive à la question du "pour quoi vivre ?".
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Sur le plan psychique, la crise existentielle confronte le sujet à la béance du manque-à-être. Les repères symboliques, autrefois garants d'une certaine consistance identitaire et d'une inscription dans le discours de l'Autre, s'avèrent insuffisants. Le sujet est alors appelé, de manière souvent douloureuse, à se déprendre des identifications aliénantes et à se positionner face à son propre désir, ce désir qui ne saurait être entièrement recouvert par le signifiant.
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La parole, dans la cure, devient alors un espace privilégié pour explorer cette confrontation au manque. À travers l'association libre et le travail de l'inconscient, le sujet peut dénouer les identifications rigides, interroger les signifiants qui le déterminent et tenter d'élaborer des significations singulières, subjectivées. Il ne s'agit pas de trouver un "sens de la vie" universel et illusoire, mais plutôt de permettre au sujet de se réorienter vers des valeurs (au sens lacanien de points de capiton subjectifs) et des projets qui résonnent avec son désir propre, même dans la reconnaissance de la contingence et de l'absence de garantie ultime.
La crise devient ainsi une potentialité de subjectivation renouvelée, un moment où le sujet peut se défaire des oripeaux de l'Autre pour advenir à une certaine forme d'assentiment à sa propre existence, dans sa radicale singularité.