La leçon des Pim's de Lu et la psychanalyse ou Pourquoi nos désirs nous trompent
- Patrick MARTIN
- il y a 28 minutes
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Aux alentours des années 90/2000, le gâteau Pim’s à fait une percée chez les jeunes, je me souviens de la pub, tout le monde voulait en manger et tout le monde en mangeait, c’était la mode.
Moi-même j’ai en ai mangé, et je ne mangeais que ceux-là. Puis ça a été le paquet de trop, le gâteau de trop. Après il y a eu un effet de dégoût et plus rien pendant dans de nombreuse année. Je suis passé à un autre gâteau comme tout le monde, il y a eu la mode des pailles d’or à la framboise, des BN... et d'ailleurs l'engouement pour les Pim’s de lu a disparu aussi.
Nous pourrions parler de la mode des billes, qui a été remplacée par les pogs, qui ont été remplacé par les cartes Pokémons… Et pour finir par le téléphone portable.
J’aurais envie de demander si ça vous est déjà arrivé de traverser une telle frénésie pour un objet qui s’en est suivi d’une indifférence soudaine ? Mais très certainement comme le dirait un vieux psychanalyste que je connais « c’est très commun » et il a raison. L’effet de mode est une illustration parfaite de la question du désir selon ce que nous a proposé Papi Lacan.
L’objectif de ce petit article, est d’essayer de décrypter l’expérience de la métonymie, pour mieux comprendre pourquoi nous sommes toujours en quête de « la prochaine chose ».
Pourquoi l’exemple des Pim's est une parfaite illustration
Le glissement métonymique : Nous avons décrit un procédé connu est plutôt simple précisément le « glissement indéfini d'un objet à un autre » : Pim's -> autre gâteau -> autre chose encore. Ce qu’il faut comprendre et découvrir dans notre rapport au monde, c’est que ce n’était pas le gâteau lui-même qui était en cause (de notre désir ou de notre faim), mais sa position temporaire dans une chaîne de désirs : la pub, les copains, les adultes qui en mangent. Le désir a simplement quitté le signifiant « Pim's » pour investir un nouveau signifiant « un autre gâteau » ex : les BM.
Le désir comme manque : La phase de « dégoût » ou de « trop » que nous avons décrit est crucial pour comprendre ce mécanisme. Elle ne signifie pas que nous étions finalement « rassasiés ». Au contraire, elle révèle que l'objet : le Pim's n'était jamais la véritable cause du désir. Il n'a tenu sa place que temporairement. La satisfaction n'était que partielle et surtout illusoire. Le « trop » est la reconnaissance que cet objet est vide, qu'il ne « comble » rien. C'est le moment où le voile se déchire, montrant que le désir n'était pas désir de cet objet, mais désir au-delà de cet objet.
La dimension sociale du désir : la remarque sur « l'engouement pour les Pim's qui ont disparu » touche à un point fondamental de la théorie lacanienne : le désir est toujours le désir de l'Autre. Peut être ici pourrions-nous dire qu’il s’agit de la question de l’envie comme avec les billes, d’ailleurs pour la blague, c’est la course a qui en aura le plus ou qui aura la plus grosse, le désir est pris dans la dialectique de l’avoir, nous voulons toujours plus, encore et encore sans jamais pouvoir être satisfait, voir il serait dangereux d’être satisfait. Nous désirons à travers le désir des autres.
L'effet de mode, la publicité, le fait que « tout le monde en voulait », créent la valeur de l'objet comme objet de désir. Lorsque l'Autre (le champ social) cesse de le désirer, l'objet perd son pouvoir de fascination pour nous aussi. L'objet n'a de valeur que parce qu'il est supposé combler le manque de l'Autre.
L’objet n’a de valeur que parce qu’il est supposé combler le manque de l’Autre au-delà de la "lubie".
Ici je donne souvent le même petit exemple. C’est une mère ou un père, qui demande à son enfant de 3 ans qui n’a même pas la capacité de dire ce qu’il a mangé le midi à la crèche et si c’était quel yaourt il veut : citron (moi perso j’adore) ou fraise. Ayant du mal à choisir et à se souvenir du mot citron l’enfant fière de lui va dire Fréssse (qui ressemble beaucoup à fesse nous en conviendrons). Là il se retrouve avec son yaourt et le parent prend l’autre qui reste et a le malheur de faire un sourire et de faire « hum c’est bon », je vous le mets dans le mille l’enfant va poser le sien et demander à échanger avec vous. Voilà le désir c’est le désir de l’Autre et non un enfant n’a pas la capacité de discriminer ce qu’il préfère ou non. Et si vous aviez l’outrecuidance de me dire que si. Non le cerveau lui en revanche est capable de discriminer ce qui lui est nécessaire : du sucre et non nécessaire : ce qui va le rendre malade.
Approfondissement : Au-delà de la "lubie"
Notre intuition va au-delà d'une simple "lubie" ou d'un "effet de mode". Nous avons essayé de mettre le doigt sur la structure même du désir humain selon Lacan.
La métonymie (glissement) est le mouvement du désir lui-même. Ce n'est pas qu’une figure de style littéraire, mais le processus fondamental par lequel le désir, incapable de se fixer sur un Objet final et satisfaisant (ce que Lacan appellera plus tard l'objet petit a), se déplace le long de la « chaîne signifiante » : Pim's, nouvelle voiture, relation amoureuse, promotion professionnelle, etc.
L'objet n'est qu'un leurre. Chaque objet n'est qu'un représentant, un signifiant, qui tient lieu de la cause réelle mais inaccessible du désir. Notre exemple alimentaire est parfait car il montre la futilité et la répétition de cette quête. On ne désire jamais la chose elle-même, mais ce qu'elle représente, la promesse de plénitude qu'elle porte et qu'elle ne peut jamais tenir.
Conclusion
Nous pourrions appliquer exactement le même raisonnement à pratiquement tous les phénomènes de consommation, aux passions soudaines, et même à certaines dynamiques dans les relations amoureuses ou la quête de réussite. Le désir, comme le signifiant, est toujours en mouvement. Vous n'avez pas arrêté de désirer, vous avez simplement changé d'objet.



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