Moi j'embrasse de Clement G.
- pmartinpsy
- 19 févr. 2024
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 18 avr. 2024
Epargnez vous de dépenser votre argent !

Parfois avoir des attentes, élevé ou non, n’est pas une bonne chose. Cela vous gâche le plaisir que vous pourriez d’avoir à découvrir le monde avec simplicité. C’est d’ailleurs ce qui m’avait beaucoup étonné en lisant le livre « en finir avec Eddy Belle gueule » d’Édouard Louis. Bien qu’étant un roman autobiographique plutôt sombre, la plume légère de cet auteur vous entraîne dans l’existence de ce petit garçon faisant face à une réalité complexe qui est la sienne. La tragédie d’une existence de soumission au désir de l’Autre pour aboutir à un désir d’existence propre. Une aventure trouble mais d’un intérêt véritable. J’avais dû lire ce livre au détour d’une consultation où quelqu’un avait dit à l’un de mes patients qu’il correspondait au personnage du roman. Voilà bien un cliché agaçant, comme si tous les gays avaient la même représentation « hystorique » de leur monde interne. Puis pour être honnête, je n’y ai jamais retrouvé mon patient…
Selon moi c’est d’une certaine manière l’objectif de la réalité d’une autobiographie. Ce que les mots de l’auteur font en dévoilant son intime c’est nous prouver l’idée de l’individualité incontestable. Bien que l’on puisse se retrouver face à des évidences vis-à-vis de nous-même avec l’agencement des mots d’un auteur. Il serait donc prétentieux de s’y identifier, voire de s’y coller et de dire « je suis pareil ». Tout bonnement parce que vous supprimeriez la reconnaissance de l’autre comme sujet, comme un individu unique, et que vous rentrez dans la zone de l’indétermination « on est pareil ».
Mais quel rapport entre Eddy et Clément ? Je m’attendais à une lecture riche de mot, et ça a été la douche froide. D’une platitude sans lendemain, le livre se lit en 1 h 30 dans le train… Et peut-être nulle part ailleurs.
L’histoire n’a rien d’original et déjà entendu ou vu au cinéma américain ou peut-être même français d’ailleurs. Un jeune homosexuel qui souffre de la discrimination… D’ailleurs en souffre-t-il vraiment ? (À part pour l’agression physique). Ou est-ce simplement un jeune homme sans la force de caractère suffisante pour ne pas demander son reste et assumer ce qu’il était.
On prétend qu’a l’armé il n’y a que des bœufs mais n’est-ce pas là un fantasme ? Dans l’idée que ce jeune homme n’affronte pas sa propre réalité et demande (presque) inconsciemment à l’autre de le faire pour lui. Il semble ne pas se rendre compte qu’il demande à l’autre de faire quelque chose que lui-même n’a pas fait. Je pourrais vous parler de plusieurs militaires français et israéliens, hommes et femmes, qui n’ont jamais dénié ceux qu’ils étaient, et nous jamais souffert de cette fameuse discrimination. Certes il y a des blagues lourdes, parfois même des gens méchants ou antipathiques, mais jamais de souffrance pour ceux qu’ils étaient. La différence est une perception nous une réalité ou bien même une fatalité. Elle le devient à partir du moment où inconsciemment nous-même nous voyons comme différent. Je me souviens d’un jeune apprenti boulanger qui me décrivait son monde macho et masculin ou les blagues sur les homos allaient bon train, et ou son humour à lui a changé tout le labo où il bossait. La repartie, les mots, l’humour changent le monde et non l’inverse. Quand vous voulez changer le sens des mots et en inventer de nouveau parce que vous ignorez les livres c’est à ce moment-là que vous êtes perdu et que l’Autre devient un monstre. Pour reprendre les mots de Mitsu Izumi dans « les livres ont le pouvoir de rapprocher les peuples… ».
Tout le monde ne peut pas être un Édouard Louis, l’écriture est un art tout autant que le dessin et le tatouage… Certains possèdent le don des mots et d’autres du trait. Clément G., ayant été aidé par une plume me semble se perdre dans le vide et la vacuité de son existence mais involontairement. Nous ne sommes pas sur le travail d’écriture de la représentation de la psychose de l’étranger de Camus. Mais belle est bien face au vide que peut laisser la vie sur le sujet qui n’a pas su être et n’a cherché qu’à avoir.
L’on se rend bien compte d’ailleurs qu’un vide immense menace à chaque instant Clément. Et qu’il est incapable de comprendre la réalité de sa vie… Je n’irais pas jusqu’à faire mon psy de comptoir, mais ce jeune homme cherche une chose perdue sans comprendre qu’elle est perdue à jamais… Et donc comme dirait un vieux M. de la psychanalyse « il ne s’agit jamais d’une question d’avoir mais toujours d’une question d’être ».

Il y a un côté accusateur gênant vis-à-vis de l’autre qu’il faudrait combattre sans prendre conscience que cet autre il est en nous… Si ce livre offre une chose c’est la compréhension de l’idée du vide… Et finalement rien d’autre ! Avec un peu d’ironie cela ne justifie pas le prix de ce livre qui se trouve au rayon de sociologie à la FNAC… Une idée qui m’intrigue encore quelques jours après l’avoir acheté.
Lisez donc Édouard et Camus et ça fera très bien l’affaire…
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