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L’amour inconditionnel ou la supercherie

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    pmartinpsy
  • 1 août 2024
  • 10 min de lecture

Dernière mise à jour : il y a 7 jours

Approche sarcastique et biologique





L’amour n’est pas chose facile à comprendre ou à appréhender. Beaucoup en parlent sans jamais vraiment comprendre qu’ils ne l’ont jamais vécu.

 

Comme l’a fait remarquer Lacan et d’autres avant lui : « aimer, c’est essentiellement vouloir être aimé ». Il y a quelque chose de fondamentalement égoïste dans la question d'aimer, parce que cela nous ramène à l’origine de l’interrogatoin. Vouloir être aimé ou ne pas vouloir être abandonné ? La source de cette idée est très ancienne, et peut être même inscrite dans le ravinement de notre cerveau et chez chaque espèce…

 

Qu’est-ce que l’amour inconditionnel ?

Il y a l’amour prétendu inconditionnel de « la mère » et l’amour conditionnel du père. Beaucoup imaginent que l’amour le vrai, c’est celui de la « mère » nourricière. Celle qui a eu la bonté de nous nourrir et de nous mettre au monde, une vraie sainte sur « le papier imaginaire ». Mais tout le monde oublie que notre venue au monde était un pur souhait d’égoïsme, d’une femme (paye le poids de la culture et de la nature) et (parfois) d’un homme[1] : « Créer une descendance », « avoir un enfant » À moins d’êtres



fondamentalement communiste et de procréer pour le bien de la cité, chaque parent est au fond de lui : un enfant égoïste qui veut se reproduire ; pour avoir un enfant qui l’aime comme lui-même a aimé sa propre génitrice et imaginairement bienfaitrice (encore faut-il qu’elle l’ait été et là c'est pas toujours gagné). C’est un raisonnement plutôt simpliste, mais c’est un article de 5 pages pas une thèse.

« S'il faut chercher dans nos attachements la répétition en coulisse de la première scène amoureuse qui s'est jouée pour nous enfant, c'est la relation au premier objet d'amour que nous cherchons à retrouver. Non, pas donc la mère réelle, ces traits, ses gestes, son empreinte. Mais le rapport qu'elle avait avec nous. »[2], Un rapport à la fois biologique et langagier.


Pourquoi ou plutôt comment ? Du point de vue biologique, nous pourrions envisager cela sous le sceau de « la théorie de l’empreinte »[3], que l’on retrouve chez les animaux et notamment chez les canards. Le nourrisson est dépendant de son environnement pour sa sauvegarde et surtout pour être nourrir[4]. Nous le savons aujourd’hui, l’une des plus puissantes drogues, avec l’une des plus puissantes dépendances c’est le sucre (blanc)[5]. Les adultes comme les enfants, ne sont pas épargnés, alors qu’en est-il pour un nourrisson ?

Notre première dépendance est celle à la mère, qui n’est autre qu’un dealer. Le nourrisson devient accro, nous le savons, très fortement au glucide ou au sucre, et cela laisse des traces dans le cerveau. Traces, qu’il va passer sa vie entière à rechercher, sans jamais comprendre vraiment pourquoi il fait une telle chose. Malheur, d’ailleurs à celui qui pensera l’avoir retrouvé par le biais de la drogue. Parce que son cerveau ou lui, ne feront qu’une chose c’est chercher à reproduire ce moment (moman) encore et encore (en corps et en corps) sans pouvoir s’en soustraire ou avec de grosses difficultés.


Une fois une personne qui faisait du chemsex me l’a très bien exprimé :

Lui : « je fais venir des types avec qui j’ai parlé sur les réseaux et quand ils arrivent je suis déjà perché et quand je le vois, je sais que cela ne correspond pas ou plus »

Moi : « à quoi cela ne correspond pas ? » (j'aurais pas de réponse)

Lui : « alors je continue à parler avec d’autres types dans l’espoir que cela corresponde… Je ne jouis jamais, la drogue ça arrête aussi ça… Je parle et je répète la situation jusqu’au matin… Je n’ai pas dormi et je ne l’ai pas retrouvé… Et la descente s’installe et je déprime, je déprime parce que je ne l’ai pas retrouvé ».

Par la suite il me racontera la première fois, cette fois grandiose ou les éléments de l’univers étaient tous réunis. La rencontre sans mot (maux), avec un inconnu, la drogue, le sexe, « c’était ça… Vous ne pouvez pas comprendre si vous ne l’avez pas vécu… Vous êtes complets, le temps et l’espace n’existent plus ».

Et oui, l’espace d’un instant (c’est fait exprès si je le dis comme ça), cette personne, comme d’autres, a retrouvé un endroit dans le cerveau qui s’appelle le nirvana, en dehors du temps et de l’espace, mais aussi de la souffrance. Un endroit qui ne peut exister que dans l’imaginaire en réalité. L’imaginaire lui-même est un pays en dehors du temps et de l’espace, une zone où peut tout coexister. Où les lois de la physique tel que celle de la gravité disparaissent, ou il n’y a plus d’attente. Un endroit où les mots n’ont pas cours, et je ne suis même pas certain que les images y aient plus accès d’une certaine manière. Cet endroit n’existe qu’en termes de chimie du cerveau, il n’est pas réel en tant que tel. D’ailleurs pour y avoir accès il faut emprunter la clé de la chimie, et elle a un prix.

 

L’amour inconditionnel d’une mère vient de l’idée que quoi que nous soyons destinés à devenir, notre mère nous nourrit, nous lange, et prend soin de nous. La dévotion, c’est déjà le début d’une religion dit comme ça… Il ne faut pas toucher aux mères parce qu’elles ont été une sainte de s’occuper de nous ? Vraiment ? Au Moyen-Âge, à l’époque des mariages forcés qui terminaient en viole, effectivement il y a de quoi penser que cette jeune fille de 12-16 ans, abusée qui s’occupe de son enfant et réussi à le faire avec tendresse, était une sainte. Mais aujourd’hui où l’enfant est soi-disant le fruit de l’Amour qu’a-t-elle d’une sainte ? Plus rien ! d’ailleurs, aujourd’hui, les gens ne sont plus parents, ils ont des enfants (ce qui nous fait aisément comprendre qu’on ne peut plus rien dire aux gens et que si l’enfant a un problème, c’est parce qu’il est défectueux, pas parce que le géniteur à fait de la merde, mon Dieu que je suis vulgaire).


Allons plus loin ?




La génitrice pour se transformer en mère se doit de surmonter sa haine contre l’alien qui lui a saccagé son corps et qui ensuite s’abreuve d’elle. Il faut surmonter les pleurs, les vomis, les déjections, et cela plusieurs fois par jours et par nuits, pendant plusieurs mois et plusieurs années. Les enfants sont mignons mais pas à se point-là, n’abusons pas : c’est un ange… Quand il vous a vomi dessus 4 fois par jour et qu’il vous a empêché de dormir, il est plus proche du démon destructeur de monde. Alors est-ce cela qui fait d’une génitrice une sainte mère ? Est-ce cela qui fait qu’une mère aime inconditionnellement son petit démon ? Surmonter l’agressivité primordiale pour son enfant est un processus inconscient pour certaines et un peu moins pour d’autres. Il faut dire que normalement les femmes sont beaucoup aidées par une hormone qui s’appelle : l’ocytocine ou l’hormone d’attachement[6]. La nature est bien faite, elle a trouvé un moyen de surmonter la haine que peut provoquer le manque de sommeil et tout un tas d’autres choses. La mère sécrète cette hormone au moment de l’accouchement et pendant un certain temps pour s’attacher à celui qui lui a déchiré la vulve. Sinon comme le chantent bien les Anglais, maman jetterait beaucoup plus souvent le bébé avec l’eau du bain.

 




Donc Récapitulons, nous avons une génitrice qui doit devenir une mère, et pour cela elle doit surmonter l’agressivité que lui fait ressentir le nourrisson, auquel elle doit se soumettre jour et nuit. Pour maîtriser cela, il y a des hormones tel que l’ocytocine, qui permette de créer un lien biologique d’attachement entre elle et lui. Et lui, il a le sucre (bon aussi l’ocytocine pour dire vrai) qui laisse un tracé dans son cerveau.

Puis viendra (en réalité plus ou moins en même temps, voire même avant) le bain du langage, et le parent dit à l’enfant ce qu’est l’amour : « c’est ça ». Et l’enfant interprète que la génitrice, est une mère aimante (beinvoyons donc ! comme dirait les canadiens). On comprendra bien, tous, ici, du coup, que nous pouvons chacun d’entre nous avoir une définition bien singulière de ce qu’est « l’amour... imaginaire », parce que nous avons tous eu des parents singuliers, autant qu’ils ont fait de nous un être singulier. Cela explique aussi pourquoi certains sont pris dans d’atroces répétitions dans leur relation « amoureuse imaginaire ». Et oui, toutes les mères ne sont pas des saintes, et toutes n’ont pas réussi à surmonter l’agressivité que le vulnérable nourrisson lui a fait ressentir. L’impuissance face à ce dieu en couche-culotte, n’est pas surmontable pour tout le monde. Il faut le comprendre sur un continuum, où la mère devient une mortelle comme les autres plus ou moins bonnes : Certaines congèlent leur enfant et d’autres les dorlotent…

Enfin comme dit, cela n’est pas de l’amour, c’est de « l’amour imaginaire ». C’est un amour qui nous provient d’une interprétation de notre environnement d’un « ça doit être ça » et d’un "besoin" plus ou moins important de le faire perdurer (ou père durer, mais ça c'est une putain d'autre histoire).

D’ailleurs pour votre culture G (pas celle du point), des souris ont été soumises à l’expérience de la drogue du sucre (blanc, c'est limite raciste), et elles sont prêtes à se laisser mourir pour avoir une dose. Si les souris avaient accès au langage, diraient-elles que celui qui les nourrit et leur fournit le sucre les aime ? Après tout c’est ce pseudo-dieu qui leur donne de quoi subsister… Je trouve pour ma part que c’est une bonne question. Que nous diraient les souris sur le dieu qui décide de vie ou de mort sur elles, en les nourrissant de sucre qui les rendent accros. Que dit un drogué quand il est en manque et que par clémence le dealer lui offre une dose… certainement pas qu'il est une sainte mère, et malheureusement si... ça fait méditer !

 

Mais alors qu’est-ce que l’amour ?

 

Comme l’article ne fera pas plus de 5 pages (mytho il fait 6 pages), je vais conclure rapidement, mais il faudra certainement un peu plus décortiquer la chose. Parce que je pense ici avoir un peu diabolisé la relation mère/enfant. Et aujourd’hui vous ne pouvez plus rien leur dire aux Saintes-mères (on en oublirait qu'il n'y en a qu'une qui a fait un avatar)...

 

Selon papi Lacan : « L'amour, c'est offrir à quelqu'un qui n'en veut pas quelque chose que l'on n'a pas. »… Peut-être que pour véritablement parler d’amour, il faille comprendre cette idée… Selon ma compréhension de cette phrase, l’amour serait de donner à "l’autre imaginaire" la position de sujet et donc d'Autre. Dès le départ de la rencontre, l’appréhender au dehors de l’imaginaire et partir du postulat presque sacré qu’il est Autre, différent. Et que la seule chose que l’on partage avec lui c’est une langue commune, celle de la cité. Nonobstant cela, même avec se partage nous devons garder à l’esprit que l’utilisation de cette même langue se fait de manière très différente. Nous ne l’avons pas appréhendé de la même manière… Parce que nous avons eu des parents différents.


Une petite anecdote 

Une amie me raconte avoir rencontré un type qui n’était pas son style, un DJ avec des bagues de dent. Quand elle me raconte sa soirée, je lui fais remarquer que pour une fois elle semble avoir rencontré un type qui fait attention à ce qu’elle dit et qu’il a essayé de lui faire plaisir et je termine en lui disant qu’elle devrait essayer de le rencontrer une seconde fois. Elle se met en colère et me dit « j’ai pas envie de coucher avec lui, tu vas pas me forcer quand même ». Je suis un peu décontenancé, comment en étions-nous arrivé là ? Et je lui fais cette remarque « je t’ai juste dit que "tu devrais le revoir une seconde fois", qui a parlé de coucher avec lui ? ». Personne, et même temps quelqu’un l'a fait. Son inconscient venait de nous parler de son désir a elle, et de ce qui pousse une partie de désir à rencontrer un homme. Je lui explique qu’il ne s’agit pas de coucher avec lui (même s'il elle en a le désir) mais de le rencontrer, en dehors de ce qu’elle cherche. La rencontre c’est autre chose, c’est un moment d’attention, d’échange, de rire, et plein d’autres choses encore (en-corps). C’est un moment en dehors d’une recherche qui nous enferme du côté de l’image… Aujourd’hui elle sort avec lui… Et qui sait ce qui pourrait advenir dans les prochains mois si la rencontre réussie...


Bibliographie 

 

·       Ainsworth, M. D. S. (1969). Object relations, dependency, and attachment : A theoretical review of the infant-mother relationship. Child Development, 40 (4), 969-1025.

·       Blanchard, A. & Cañamero, L. (2007). Développement de liens affectifs basés sur le phénomène d'empreinte pour moduler l'exploration et l'imitation d'un robot. Enfance, 59, 35-45. https://doi.org/10.3917/enf.591.0035

·       Harlow, H., & Harlow, M. (1969). Effects of various mother-infant relationships on rhesus monkey behaviors. In B. Foss (Ed.), Determinants of Infant Behavior, vol. 4. London : Methuen.

·       D.W. Winnicott,  Jeu et réalité, Paris, Gallimard, 1975.

D.W. Winnicott, « Vivre créativement », dans Conversations ordinaires, Paris, Gallimard, 1986, p. 56.

·       D.W. Winnicott, De la pédiatrie à la psychanalyse, Paris, Payot, 1969.

·       D.W. Winnicott, La consultation thérapeutique et l’enfant, Paris, Gallimard, 1971.

·       D.W. Winnicott, « La communication entre le nourrisson et la mère, et la mère et le nourrisson. Comparaisons et contrastes » (1968), dans Le bébé et sa mère, Paris, Payot, 1992, p. 141.

·       D.W. Winnicott, « Intégration du moi au cours du développement de l’enfant », dans Processus de maturation chez l’enfant, Paris, Payot 1970, p. 10.

·       D.W. Winnicott, « Vivre créativement », dans Conversations ordinairesop. cit., p. 57.

·       J. Lacan, La relation d’objet, Séminaire IV, Paris, Le Seuil, 1994, p. 35.

·       J. Lacan, L’angoisse, Séminaire X, Paris, Le Seuil.

·       Lucie Portela. Ocytocine et comportements maternels : Quels sont les impacts de la variation du taux d’ocytocine en per-partum ?. Médecine humaine et pathologie. 2023. dumas-04202949

·       Marcelli D. (2012 ) Le traumatisme, un concept frontière entre le neuro-cérébral et le le psycho-affectif, Neuropsy Enf Ado 60, 341–344.

·       Marcelli D Il est permis d'obéir : l'obéissance n'est pas la soumission, Albin Michel, août 2009 (ISBN 978-2-253-13200-4 et 2-253-13200-4).

·       Rubin, Gayle, « L’économie politique du sexe : transactions sur les femmes et systèmes de sexe/genre », trad. Nicole-Claude Mathieu, in Cahiers du Cedref, 7-1998.

 


[1] P. Sastre. La domination masculine n'existe pas, Anne Carrière, 2015, 276 p. (ISBN 978-2843377815).

[2] A. Dufourmantelle. En cas d'amour : psychopathologie de la vie amoureuse, Paris, Rivages, 2012  (ISBN 978-2-7436-2305-0) ;

 

[3] Ainsworth, M. D. S. (1969). Object relations, dependency, and attachment : A theoretical review of the infant-mother relationship. Child Development, 40 (4), 969-1025.

 

[4] Glucides et oligosaccharides du lait de femme

Globalement, le lait de femme mature contient 75 g/L de glucides, dont 63 g de lactose et 12 g d'oligosaccharides, alors que le lait de vache ne comporte que du lactose.Formés de cinq sucres élémentaires (glucose, galactose, N-acétylglucosamine, fucose, acide sialique), de structure ramifiée, les oligosaccharides constituent une originalité majeure du lait de femme : ils sont au nombre de plus de 130 et constituent de véritables prébiotiques.

Non digestibles au niveau du grêle, à l'exception de l'acide sialique qui peut en être clivé puis absorbé, ils jouent un rôle essentiel dans la mise en place de l'écosystème bactérien colique dominé chez l'enfant au sein, par les bifidobactéries, en particulier Bifidobacterium bifidum.Le rôle des ces oligosaccharides (quasiment absents du lait de vache) dans la protection vis-à-vis des infections digestives, mais aussi extra-digestives, est aujourd'hui bien argumenté (Kunz, 2000).

 

[5] Wiss DA, Avena N and Rada P (2018) Sugar Addiction: From Evolution to Revolution. Front. Psychiatry 9:545. doi: 10.3389/fpsyt.2018.00545

 

[6] Pan, R., C., M. (2012), L’ocytocine : hormone de l’amour, de la confiance et du lien conjugal et social, Rev Med Suisse, 8, no. 333, 627–630. https://doi.org/10.53738/REVMED.2012.8.333.0627



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